Construire un schéma de câblage de guitare électrique

Un tutoriel qui vous permettra de comprendre le routage des différents fils du câblage de votre guitare électrique, au niveau des micros, sélecteurs et potentiomètre de volume et de tone.

Rédacteur : Gezzed

La source du signal : les micros

Principe

Avant tout, il faut comprendre (mais qui ne le sait pas encore) qu’un micro de guitare électrique est une bobine.
Grosso modo, un fil enroulé autour d’un aimant, qui transforme les vibrations des cordes en signal électrique.
Je ne vais pas entrer dans les détails des typologies de micro, ce n’est pas le sujet.

Voici le schéma d’un micro dit « simple », soit juste une bobine.

Un « humbucker » ou « micro double », c’est deux micros simples collés en inversion de phase pour supprimer les bruits parasites. On ne va pas entrer dans les détails non plus. Ce qu’il faut retenir, c’est que c’est deux micros simples collés.

Pour la suite de ce tuto, je vous propose d’utiliser la terminologie suivante :
Quand un micro est « activé » (qu’il émet un signal), il sera peint en cyan clair.
Sinon, on le mettra en cyan foncé.

Micro double (humbucker) et split

Pour profiter pleinement d’un humbucker, on met les deux micros simples qui le composent « en série », soit pour faire circuler le signal d’abord dans un micro, puis ensuite dans l’autre.
Pour ce faire, il faut assembler la « sortie » du premier micro avec l' »entrée » du second. (appellons cette liaison : « point intermédiaire », le câble bleu sur le schéma).

Le micro humbucker peut être exploité en tant que micro double ou micro simple.
Si on souhaite l’utiliser en micro simple, on fait ce que l’on appelle un « split » : on met l’un des deux micros en court circuit, ce qui permet au second de fonctionner seul.
Pour ce faire, il suffit de mettre à la masse le « point intermédiaire », comme suit.

Ainsi, seul un micro fonctionne.

Les codes couleurs

Tous les constructeurs n’adoptent pas le même code couleurs sur les codes des micros.
En voici la transcodification.

Pour plus de simplicité dans le tuto, je vous propose de coller à la terminologie Seymour Duncan, qui s’est fait référence sur la toile en termes, notamment, de schéma de câblage accessibles à tous.

La sélection du signal : les switches

Principe

Un switch est un « interrupteur ». C’est un composant électromécanique qui permet d’ouvrir ou de fermer un (ou plusieurs) circuit simultanément.

Sans rentrer dans les détails de la construction d’un switch, pour rappel, c’est souvent la partie opposée au levier du switch qui est mis en contact.

Voici un exemple de SPDT (expliqué plus bas)

Types de switch

Il existe plusieurs types de switches.
Ils sont généralement appelés xPyT. (exemple : SPST, SPDT DPDT, 5PDT, etc.)
P signifie « pôle » et T signifie « throw ».
Le x et le y peuvent prendre les valeurs suivantes :

  • S = single = 1
  • D = double = 2
  • tous les autres chiffres

Ca a l’air un peu compliqué comme ça… la seule chose à savoir, c’est que :

  • x représente le nombre d' »interrupteurs » indépendants au sein de ce switch
  • y représente le nombre de « positions » que peut prendre un interupteur.

Par exemple, si on a 3 humbucker à splitter (3 voies pour 2 positions possibles), on pourra utiliser un 3PDT.

De même, un sélecteur 3 positions pour d’une télécaster est un DP3T.

Le switch 5 positions, c’est un peu plus compliqué. C’est un DP3T d’un point de vue électronique, mais qui peut prendre 5 positions différente.

Dans le schéma ci-dessous, à gauche, la position 2 équivaut à un contact simultané entre 0, 1 et 3.
De façon identique, la position 4 équivaut à un contact simultané entre 0, 3 et 5.

Il existe également des « rotary switch » (exemples ci dessous en 2P6T et 1P12T), qui permettent de changer les contacts en « tournant » le switch.

Si vous comptez effectuer des montages un peu complexes, l’idéal est le switch 5 position dit « superswitch », qui est un « vrai » 4P5T (contrairement à celui fourni de base chez Fender, par exemple).

Construire autour d’un switch

Avant de se lancer dans le schéma de câblage, faisons un petit tableau.
Sur le tableau, mettez :
* En ligne, autant de lignes que de positions sur le switch
* En colonne, trois blocs :

  • Bloc 1, dessinez les micros, en mettant deux colonnes pour un humbucker, et une colonne pour un simple.
  • Bloc 2, une colonnes par micro, quel que soit le type de micro.
  • Bloc 3, une colonnes par humbucker

Remplissez d’abord le bloc 1 de la façon (intuitive) suivante :
Colorez, pour chaque position, le micro (ou morceau de micro) que vous voudriez voir allumé.

Ensuite, sur le bloc 2, raisonnez de la même façon, mais par « micro physique », dans distinction de humbucker ou de simple.

Vous pouvez ensuite en déduire la colonne 3, en voyant où vos micros doivent être sont splittés, et mettant des croix à ces endroits.

Exemple :

Nous allons travailler avec un « superswitch » (4P5T), parce qu’il a l’énorme avantage de disposer de 4 interrupteurs indépendants (apellés ici W,X,Y et Z), soit un par micro (trois, donc), et un pour la masse.
On va donc utiliser les « voies » W,X,Y (en vert) pour les micros, et la « voie » Z pour la masse (en jaune).

NB: est figuré « au centre » du superswitch le signal de sortie du montage.
Le jeu va consister à relier les différentes bornes du switch avec ce signal.

Commençons la lecture, en nous occupant de la voie « W », qu’on attribue au micro « B ».
De fait, on relie le « pôle » W à la sortie du signal de B (jusqu’ici, rien de sorcier).

Ensuite, on regarde le bloc 2 du schéma, et on s’aperçoit que le micro B est actif en position 1 et 2.
On relie donc les bornes 1 et 2 (de la voie W) au signal général. (Voilà ! on vient d’en faire un ! C’est facile, non ?)

Ensuite, pour le micro « M », on va le brancher sur la voie « X ».
De la même façon, on relie le signal M sur le pôle X.
Comme le micro M est actif en position 3, on relie la borne 3 de la voie X sur le signal.

On continue avec le micro « N » sur la voie Y… vous l’avez compris, signal N sur pôle Y, et liaison des pôles 4 et 5 sur le signal.

Les micros sont à présent montés, il ne reste plus qu’à prévoir de les splitter.
La voie « Z » (pôle Z relié à la masse) va servir à cela.
On termine donc en analysant le bloc 3 :
B est splitté en position 1, et N est splitté en position 5.

Donc :

  • on relie le « point intermédiaire » de B avec le pôle 1 de la voie Z
  • on relie le « point intermédiaire » de N avec le pôle 3 de la voie Z

Et c’est tout !
Magique, non ?

L’altération du du signal : volume et tone

Le potard, cet inconnu

Un potentiomètre est une résistance variable.
Grosso modo, c’est un composant qui laisse plus ou moins passer le courant en fonction de la valeur sur laquelle elle est réglée (Jusqu’ici, je ne vous apprends rien).

Il existe deux grandes familles de potentiomètres : les linéaires et les logarythmiques (« log »).
Il est possible de les identifier par leur inscription « A » ou « B » à leur dos.
(Les « A » figurant « Audio », donc log, et les « B » les linéaires)

Il faut savoir que, pour l’oreille humaine, pour que l’augmentation du « volume » perçue par l’oreille soit linéaire, il faut que l’augmentation réelle du signal soit exponentielle. C’est pour cette raison que les potentiomètres de « volume » sonore sont en général logarythmiques.

Vous trouverez parfois des potentiomètres dits « push-pull ».
Ils peuvent être log ou linéaires. Ce ne sont ni plus ni moins que des potentiomètres « physiquement » couplés avec des switch (mais pas « électroniquement »). Les deux componsants peuvent alors être traités de façon distincte.

Les valeurs de résistance généralement sont de 250 Kohm ou 500 Kohm.

Pour choisir, on peut ademttre la règle suivante :

  • Si le chemin du signal comporte un ou plusieurs humbuckers (dont le signal de sortie est plus fort), ce signal devra être plus « atténué » au final. D’où la nécessité d’une résistance plus grande (500KOhm). Sinon, le 250Kohm est suffisant.
  • Il n’y a pas de règle pour le tone : c’est une question de goût, et de choix sur la fréquence de coupure (on verra ça plus bas), on peut indifféremment utiliser 250Kohm ou 500 Kohm, quelle que soit la nature des micros.

Volume

Le bouton de volume agit sur l’amplitude du signal en sortie de guitare (donc c’est l’oreille humaine qui reçoit ce signal), quelle que soit la façon dont le signal est « modifié » en amont.

Un « bloc » volume est constitué comme suit :

Le volume doit être systématiquement placée en série sur le chemin du signal.Il peut être mis en volume « général » du montage (ie: juste avant le jack de sortie), ou en volume « pour chaque micro » (avec un potard par micro), et qui est directement en aval (et en série) de chaque micro sur le montage.

Tone

Le bouton de tonalité agit sur le spectre de fréquence du signal (filtre passe-bas), ce signal est ensuite envoyée vers le potard de volume. Il est possible d’utiliser soit un log, soit un linéaire (au choix de chacun).

Un tone est systématiquement en parallèle avec le signal.
Un « bloc » tone est constitué comme suit :

11 réponses sur “Construire un schéma de câblage de guitare électrique”

  1. Super article, très bien détaillé et qui m’aide à comprendre un peu plus la méthodologie à utiliser 😉

    Une petite question pour mon cas particulier. Dans la partie ‘Construire autour d’un switch’ 4P5T :
    Je possède deux humbuckers et lorsque je dessine le schéma avec le bloc 1, je m’apercois que dans ma configuration souhaitée, le humbucker manche est splité deux fois (une fois en position manche seule, une seconde fois couplé avec le micro chevalet splité également). Pour relier tout ça au port ‘Z’, je dois donc tirer deux fils..? Merci pour ta réponse et encore bravo pour cet article.

  2. Bonjour.
    👍 Ça c’est du tuto !
    Merci beaucoup.
    Je suis en train de retaper une vieille Jackson US montée d’origine avec 1 double et 2 simples bobinages Jackson.
    Pas d’emplacement pour un sélecteur sur la caisse puisque chaque micro à son propre switch on/off.
    Je monte à la place un double EMG, un simple Di Marzio et un simple Seymour Duncan.
    Est ce que tu me conseilles de creuser ma caisse pour installer un sélecteur ou sinon, comment dois-je m’y prendre question montage vu que l’EMG81 arrive avec 2 potards volume et tone ?
    Mille mercis par avance de toute ton aide.
    Thierry

  3. Bonjour et merci de ce tuto.
    J’ai une question qui me vient.
    Je veux insérer dans mon cablage un switch pour passer mes deux singlecoil Jazzmaster d’un montage parallele à un montage séries. Comment puis-je procéder ?

    Merci d’avance.

    MIkaël

  4. Bonjour, excellent tuto, je connaissais tout du câblage des guitares mais je n’en avais plus eu besoin depuis longtemps. Ça m’a permis de me replonger dedans, c’est super bien fait et ça devrait être particulièrement utile aux néophytes.

  5. bonjour,
    vos articles sont trés interessants et instructifs.
    je cherche un schéma de cablage pour une basse hohner b500, 2vol, 2ton, passifs, indépendants.
    si vous avez ce type de schéma cela m’aiderait beaucoup,
    merci.

  6. Enfin un schéma explicatif très difficile à trouver sur le web !
    Je pense qu’il y a une erreur de frappe : le point intermédiaire de N est sur le pôle 5 de la voie Z et non la 3, si j’observe bien..ou alors je n’ai pas compris l’explication ?

    Super en tout cas !
    Merci

  7. Bonjour meilleurs vœux 2023!
    Je me suis procurer un switch 6 voies mais mes micro ,des p490t et p498r Gibson son en sortie 2 fils ! Comment les relier à mon switch ? Dois.je splitter les micro et comment ? Toutes les explications me serraient une aide , merci de votre attention .

  8. Bonjour,
    superbe tutoriel clair ET précis. La découverte des bases, la mise en place via des exemples mais aussi des non-dit afin de laisser libre cours à l’imagination

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