Dans ce tutoriel sur les effets, et plus précisément le pedalboard dans sa dimension technique, vous pourrez trouver des petites descriptions sur chacun des effets les plus réputés dans notre milieu, et surtout une explication bien plus dense de la place dédiée de chacun dans le chaînage.
Rédacteur : JFrusciante
Introduction
Chaque type de pédale doit se voir approprier une position spécifique entre la guitare et l’ampli, et le hasard n’a rien à voir là dedans, tout est question de logique. C’est ce que je vais tenter de vous expliquer.
Enfin, j’ai également répertorié, pour chaque catégorie d’effets, les pédales les plus célèbres, constituant des valeurs sûres et pouvant vous orienter dans vos éventuels achats… Allez en place !
Ci-dessous le chainage que je détaille dans ce guide :
Guitare –> Accordeur –> Compresseur –> Disto –> WhaWha –> Equalizer –> Octaver –> Delay –> Effets de modulation –> Tremolo –> Pédale de volume –> Réverbération –> Looper/sampler
Ce chainage est le fruit d’une réflexion logique et de différents essais, il n’est pas forcément adapté à tout le monde ou a tout type de matériel, à vous d’essayer d’autres combinaisons pour trouver le son qui vous correspond.
Les différentes pédales
Accordeur
Il est à placer en tout début de chaîne de préférence, afin que le signal soit absolument dénué d’effets et plus facile à analyser pour la pédale.
Note : Cette pédale est totalement transparente et n’apporte aucune modification intentionnelle au son.
Pédales renommées : Boss TU-2, TC Electronic Polytune, Peterson Strobostomp, Korg Pitchblack.
Compression
Le compresseur est chargé de… bah compresser le son. En pratique, le niveau de sortie sera le même que l’on gratte fort (là le son sera compressé à fond) ou doucement (où la pédale va mettre le son à un niveau plus élevé). Et ça s’entend dans le jeu, il est très utilisé en rythmique notamment dans le funk. Mais les compresseurs font également un boulot de sustainer, très utile pour les solos où les notes se détachent plus et où l’on sort du mix.
Il est à placer de préférence devant toutes les autres car moins le signal est altéré, plus il est facile à compresser, c’est une convention.
Pédales renommées : Boss CS-3, MXR Dynacomp, EHX Soul preacher, Keeley Compressor, Marshall ED-1, EHX Black Finger.
Distorsion/Overdrive/Fuzz
Cette section va faire saturer le signal, le rendre plus crunchy et agressif. Elle s’accompagne inévitablement d’une augmentation du volume de sortie.
Il y a plusieurs types de distorsions, très variées suivant les styles, attention avant de faire votre choix.
Les distos sont recommandées en début de chaîne également, pour les mêmes raisons que les compresseurs, ce sont elles qui posent les bases du son, lui donnent une forme juste après l’entrée du signal. De plus elles ont du mal à accepter d’autres positions ce qui, le cas échéant, génère beaucoup de souffle, mais ça dépend du matériel, on y reviendra.
Pédales renommées : Boss DS-1, Boss DS-2, Proco Rat, MI Audio Crunch Box, EHx Metal Muff (disto), Ibanez TS808 et TS9, Fulltone OCD (overdrive), EHx Big Muff PI, Dunlop Fuzz Face, Zvex Fuzz Factory (fuzz).
WhaWha
La pédale la plus connue du grand public ! Utilisée par absolument tous les guitaristes, les exceptions sont rares… c’est une pédale qui modifie la fréquence du signal entrant, pour créer ce son caractéristique.
Même si certains guitaristes (Hendrix par exemple) fonctionnent différemment, la whawha se place après la disto. C’est un choix logique mais certains obnubilés du son réfléchissent autrement, c’est tout à leur honneur (voir plus bas). En tout cas la wah doit rester devant au même titre que les pédales citées au-dessus, car la modification de fréquence doit obligatoirement se faire en amont, encore la même raison, essayez de faire varier une fréquence déjà bousillée par du delay, du chorus etc… c’est vite le bordel !
Pédales renommées : Dunlop Crybaby, Vox V847, RMC2, Morley Bad Horsie, Budda Wah, Boss V-Wah.
Exceptions
Comme je l’induisais, l’ordre expliqué au-dessus n’est pas une généralité. Il dépend en grande partie des pédales utilisées et du guitariste qui joue. Il y a deux points importants :
- Le premier concerne l’ordre disto/wah. La majorité des guitaristes fonctionnent dans cet ordre là, car les fréquences boostées ou diminuées par la wah seront déjà affectées par la disto, ce qui rend la gestion du son facile. On applique juste une modification de fréquence à un son complètement linéaire même si distordu. Mais comme je l’évoquais, certains choisissent de fonctionner comme suit : wah>disto. Dans ce cas, vous allez fournir à la distorsion une fréquence différente à chaque instant t ; c’est très particulier. D’un point de vue rendu sonore cela signifie que la disto aura une couleur différente pour chaque position de la wah, ce qui n’est pas le cas sur la première configuration. Mais tout est question de goût !
- Le deuxième point concerne les exceptions matérielles : certaines pédales dérogent complètement à toutes les règles et n’acceptent rien d’autre qu’une position précise. Elles auront donc la priorité dans l’ordre que vous imposez, c’est un fait. Mon propre pedalboard en est un bon exemple dans la partie disto : ma Boss SD-1 vient se placer après mon compresseur (CS-3) comme j’indiquais au-dessus, mais pour ma fuzz (EHX Double muff) rien à faire, elle ne sonne bien que devant la CS-3, contrairement à ce que j’expliquais… compliqué mais c’est comme ça ! La Fuzz Factory de Z-Vex n’accepte que le positionnement juste après la guitare, de la même façon.
Équalizer
Aussi appelé EQ (pour equalizer), il vous permet d’ajuster les fréquences pour booster telle ou telle bande de votre son. Par exemple augmenter les aigus sur un solo, ou les graves sur une partie basse à l’octave inférieure… les possibilités sont illimitées.
Bien utilisé, il fait aussi figure de bon clean boost (voir à la fin).
Pédales renommées : MXR M-108, Boss GE-7.
Octaver
Cette pédale permet de changer d’octave et permet d’harmoniser les voix.
A mi-chemin entre la modification de fréquence et la modulation, l’octave shifter est à placer après la section wah/EQ.
Pédales renommées : EHx Pog, Digitech Whammy (test ici), Boss OC-2, Eventide Pitchfactor.
Delay
Répète le signal entrant, en une ou plusieurs fois suivant les réglages.
Beaucoup de guitaristes utilisent un delay en fin de chaîne, juste avant l’ampli, afin d’englober le signal. Non ! Pitié non. Pour les petits pedalboards sans trop de fantaisies ça pose pas vraiment de problème mais dès que vous commencez à aligner des pédales de modulation… ay caramba.
Essayez donc d’appliquer un delay à un signal déjà agrémenté d’un filtre relativement tordu (j’ai la FM4, je sais de quoi je parle)… vous allez voir que la pédale va avoir bien du mal à appliquer le delay à toutes les notes ! Prenez l’exemple de la Seek Wah de Zvex, imaginez le casse-tête pour le delay, s’il doit répéter toutes les innombrables notes artificielles de ce séquenceur… et même problème pour la reverb, le chorus, etc, tous ces effets de modulation : il vaut mieux appliquer un delay à un signal relativement clean et ensuite l’envelopper avec un chorus, que l’inverse, qui va rapidement se révéler inaudible.
Pédales renommées : Line 6 DL4, Boss DD-7, EHx Deluxe Memory Man, MXR Carbon Copy (test ici), Boss DD-20, EHx Stereo Memory Man with Hazarai (test ici), Eventide Timefactor.
Effets de modulation
Comprend chorus, phaser, flanger, et tous les types de filtres imaginables.
Tous ceux-ci vont après la disto dans tous les cas, et également après le delay comme je viens de l’expliquer. Leurs effets sont très colorés et très personnels (relatifs aux pédales), donc ce serait stupide de venir détruire cette petite subtilité apportée avec une énorme disto. Non, appliquez plutôt la subtilité après avoir saturé le son.
Pédales renommées : EHx Small Clone, MXR Stereo Chorus, Roland CE-1, Ibanez CS-9 (chorus), EHx Small Stone (test de la Nano ici), MXR Phase 90 (phaser), Ibanez AF-2 (test ici), Boss BF-3 (flanger), Line 6 FM4 (filtre), EHx Qtron, DOD FX25 (envelope filter), Line 6 MM4, Eventide Modfactor (modulations en tous genres).
Tremolo
Le trem « coupe » le signal pour enlever du volume, ce qui crée cet effet stroboscopique. A grande vitesse ça crée un son très haché mais agréable en rythmique et assez passe-partout, à petite vitesse (gros gaps), ça ressemble plus à du killswitch…
Il fait plus un travail de sape sur le son qu’une modification drastique de celui-ci. Donc on va le mettre en bout de chaîne, une fois que tout le boulot de modification a été fait.
Pédales renommées : EHx Stereo Pulsar, Boss TR-2.
Volume
Le nom explique tout : les pédales de volume (à pédale d’expression) vous aident à contrôler le niveau de sortie comme avec le potard de votre guitare, en plus ergonomique et précis. Très utilisée en ambient pour les swells.
Même raison que pour le tremolo, on va ici envelopper tous les effets déjà appliqués… à l’exception de la reverb !
Pédales renommées : Ernie Ball Volume Pedal, Boss FV-50, Boss FV-500.
Reverb
Effet présent naturellement sur la plupart des amplis vintage (Fender…) et aujourd’hui très bien émulé dans des pédales. Un son donc réverbérant, comme si on jouait dans une grande pièce vide.
Le but de la réverb est de de simuler une grande salle de concert, où les sons vont aller rebondir contre les murs à l’autre bout de la salle, etc. Ce phénomène va, dans le cas d’une telle réverbération naturelle, se produire une fois que tous les effets ont été appliqués, c’est normal, c’est le son sortant de l’ampli qui va aller voyager dans la salle… Donc pour bien émuler ça, on place la reverb après le volume et le tremolo, malgré le fait qu’elle change vraiment le son.
Mais ce n’est pas une règle générale : si vous voulez que votre trem et votre pédale de volume fassent leur travail propre et artificiel de bien couper le son au carré, mettez votre reverb avant. C’est juste un choix !
Pédales renommées : EHx Cathedral, EHx Holy Grail, Boss RV-5, Boss FRV-1.
Looper/Sampler
Il enregistre des phrases et les répète afin que l’on joue par dessus.
Le looper est à placer en fin de chaîne afin de boucler tout le signal, et surtout qu’aucun des changements d’effets appliqués par la suite n’affecte le loop. Exemple, si vous placez votre looper en début de chaîne (à ne pas faire) et qu’après avoir enregistré une boucle clean vous enclenchez votre disto, la boucle deviendra distordue aussi… logique !
Pédales renommées : Digitech Jamman, Boss RC-20XL.
Le boost
Le boost est une pédale destinée à augmenter le gain du signal entrant pour l’amplifier en sortie de pédale. C’est ce qu’on appelle un « clean boost », par opposition au boost prodigué par la distorsion. Ici en effet, le booster ne change en rien la nature du son, il l’augmente juste. C’est très utile pour sortir du mix dans les solos par exemple.
Cette pédale déroge à la règle et on ne peut pas vraiment dire qu’il existe une règle générale quant à son placement. En effet, contrairement aux ambiguïtés liées à la wah ou la reverb par exemple, ici ce n’est pas une question de goût en matière de son mais du but même du clean boost dans votre utilisation du booster.
Dans mon cas personnel, il sert à augmenter l’ensemble de mon signal, car je cherche à pouvoir être entendu dans n’importe quelles circonstances (càd avec n’importe quelles pédales enclenchées), donc forcément mon booster se trouvera en bout de chaîne.
Attention toutefois en cas de présence de looper : si le boost se trouve avant le sampler, l’enclencher augmentera inévitablement le volume de la boucle qui est répétée. A placer donc de préférence avant ce looper. Mais ce n’est donc pas la seule utilisation possible et pertinente du clean boost.
Certains guitaristes l’aiment avant leurs pédales de disto, afin de leur donner un peu plus de punch : on augmente le signal entrant afin que la disto ou l’OD fasse saturer un volume encore plus important, ce qui peut être un gros avantage ! Et c’est évidemment valable pour tous les effets qui suivent ; faire attention dans l’éventuelle partie modulation dans ce cas, car plus le signal est grand, plus les subtilités et les contrastes sonores seront marqués (je pense au phaser).
Pédales renommées : MXR M133 Micro Amp, EHx LPB-1.
La boucle d’effets
Déjà qu’est-ce qu’une boucle d’effets ? C’est un circuit incorporé à certains amplis (ou certaines pédales, comme le Line 6 M13 ou même le Qtron+, mais nous n’en parlerons pas ici), qui possèdent alors un in et un out supplémentaires, appelés « send » et « return ».
Ce procédé a à la base été créé du fait que de nombreux guitaristes préfèrent utiliser l’overdrive ou la disto de leur ampli, le cas échéant des monstres comme les Mesa, Marshall ou Vox. Et comme je l’ai expliqué plus haut (tout se recoupe, c’est magnifique), les distos viennent avant tout le reste, ou du moins obligatoirement avant la section modulation.
Du coup, en utilisant la disto de l’ampli avec des phasers et chorus dans la chaîne, on applique la mod avant que le signal n’arrive dans la section préamp et ne prenne la saturation : très mauvais ! Là est donc l’intérêt de la boucle d’effets, en anglais « effects loop » ou parfois « FX loop » (pour ceux qui se posaient la question).
En conclusion : certaines pédales sont à y placer, d’autres non, pour des raisons évidentes.
Récapitulatif :
- Dans la boucle : phaser, chorus, reverb, delay, volume, flanger.
- A l’extérieur : distorsion, wah, compresseur, eq, octaver.
Conclusion
Voilà les grandes lignes de ce qu’il faut savoir. La liste des pédales citées ici n’est pas exhaustives, il en existe certaines un peu spéciales qui sortent des classifications.
Il faut bien se dire que beaucoup de combinaisons sont possibles, mais que vous devez avant tout juger par vous mêmes après avoir tenu comptes de ces grands principes de chaînage.
Également, dans une configuration optimale, on aurait un booster et un EQ entre toutes les pédales, pour pouvoir régler les fréquences et niveaux de sortie pour chacune d’entre elles… on pourrait également avoir une dizaine de loopers, pour enregistrer des boucles indépendantes des autres effets, et d’autres influencées par ceux-ci… mais c’est impossible et stupide.
Donc les cas sont multiples et personnels, ne vous inquiétez pas si votre ordre n’est pas le même que celui du voisin.